Une amitié improbable
Beatrice Salvioni est italienne, née à Monza, près de Milan. Elle est diplômée en philologie et en écriture. Elle a 28 ans et après avoir reçu plusieurs prix pour des nouvelles, elle signe ici son premier roman. Ce livre qui parle de l’amitié entre deux adolescentes peut faire penser, de prime abord, à Elena Ferrante et à sa saga « L’Amie prodigieuse ». En réalité, c’est très différent car, ici, nous sommes au nord de l’Italie et pas à la même époque.
L’auteure a situé l’action à Monza, une petite ville connue pour ses courses de voitures et dans les années 1930. On peut être plus précis en évoquant la guerre avec l’Abyssinie en 1935 et la montée du fascisme avec les chemises noires et Mussolini. Dans ces années-là, les cancans, dans une petite ville, sont nombreux et tout le monde se regarde, voire se méprise.
Dès le prologue le ton est donné. Maddalena et Francesca tentent de camoufler le corps d’un homme sur les rives du Lombro et surtout il faut se taire. Beatrice Salvioni va alors revenir en arrière pour nous raconter cette amitié improbable entre les deux jeunes filles. Maddalena, surnommée « la Malnata », celle qui est mal née, qui a le mauvais œil, est de milieu très modeste et c’est une rebelle qui joue avec les garçons et ne se préoccupe pas du qu’en dira-t-on. La famille de Francesca, elle, fait partie de la bourgeoisie locale plutôt guindée. L’adolescente ne sort pas seule, l’apparence vestimentaire a beaucoup d’importance et la présence à l’église aussi. Evidemment, elle ne rêve que d’émancipation et de liberté. Elle admire de loin Maddalena et elles vont finir par devenir de grandes amies, même si c’est en cachette des parents de Francesca.
La guerre est là, les fascistes aussi et le pouvoir des hommes, principalement sur les femmes, est plus qu’important. C’est toujours la force du patriarcat et le peu d’importance laissé aux femmes. Vous n’en saurez pas plus. N’oubliez pas le corps camouflé et posez-vous la question de savoir si les deux héroïnes auront le courage de se révolter face à la violence des hommes.
Une langue forte pour ce premier roman. Une belle entrée dans la littérature !
