Aller au contenu

Zoom sur La vie en fuite de John Boyne

L’histoire de Gretel

John Boyne est un écrivain irlandais qui publie des romans pour adultes et pour adolescents. Il a obtenu de nombreux prix et il est traduit dans 51 langues ! Son best-seller mondial, Le garçon en pyjama rayé, a même été adapté en film. 

L’originalité de La vie en fuite vient du fait qu’il raconte la vie de Gretel qui est la sœur aînée du Garçon en pyjama rayé. L’auteur alterne la vie actuelle de Gretel qui a plus de 90 ans avec différentes périodes de son passé. 

1946 d’abord. Mère et fille qui sont allemandes doivent quitter la Pologne et arrivent à Paris. La mère est toujours préoccupée par sa beauté et regrette sa vie d’avant, que ce soit à Berlin ou dans l’Autre Endroit qui n’est jamais nommé qu’ainsi. L’adolescente qui adorait son père, ne comprend pas pourquoi il est mort et pourquoi les Allemands n’ont pas gagné la guerre. Son père était commandant de l’Autre Endroit tout de même, Hoche-Vite, comme le disait le petit frère qui ne comprenait pas. Là-bas il y avait des gens que l’on ne pouvait pas aimer et qui devaient mourir. Tout est ainsi en sous-entendus qui vite s’éclaircissent pour le lecteur. Il faut cacher le passé, l’occulter, garder les secrets car la guerre est à peine terminée et on ne pense qu’à se venger des Allemands et plus encore s’ils ont quelque chose à voir avec les nazis. 

Le temps passe et après la mort de sa mère, Gretel part pour Sydney, en Australie, en 1952. Elle est encore rattrapée par son passé et c’est la fuite de nouveau, pour Londres cette fois-ci et définitivement, en 1953. Gretel s’est mariée et seul son mari a su la vérité. Elle a eu un fils et n’a pas été une mère comme les autres tant son sentiment de culpabilité la crucifiait en permanence. Elle est seule maintenant, dans un quartier huppé et c’est parce que de nouveaux venus viennent occuper l’appartement en-dessous du sien que tout va basculer. L’homme est violent envers sa femme et son petit garçon et Gretel ne peut pas le supporter. Il n’est plus question pour elle de se protéger mais de protéger des victimes. La solution trouvée est sans doute improbable mais le principal n’est pas là.

La question est de savoir si l’on peut être responsable de ce qu’ont fait les parents alors qu’on était encore enfants et que l’on aimait ses parents. Peut-on porter le poids de la culpabilité toute sa vie et à leur place ? C’est le sujet abordé par John Boyne avec un grand talent. La tension monte tout au long de ce roman magnifiquement bien écrit mais qui ne peut pas nous apporter de réponse satisfaisante, si ce n’est, peut-être, tenter de se pardonner. Il n’est pas nécessaire de lire Le garçon en pyjama rayé, écrit pour les enfants, pour aborder La vie en fuite qui est à lire absolument !