La Vallée des eaux amères de Jean-Paul Malaval
Une affaire de famille pour l'amour de la terre
Jean-Paul Malaval vit en Corrèze où il a le plus souvent situé ses romans, au nombre d’une cinquantaine.
Il a publié à partir de 1982 et nous pouvons citer ses derniers titres : Rue de la Fontaine Bleue, Un coeur solitaire dans une maison trop grande, Un été sous les tilleuls.
Beaucoup parleraient de romans de terroir. Certes il nous entraîne en Corrèze et fait des incursions dans d’autres régions. Chaque fois il nous dépeint les paysages, la vie des habitants et c’est très beau. Mais lui, l’auteur, parle d’histoires de famille et il a raison bien sûr. Les histoires de famille montrent l’évolution de la société et fixent aussi la Mémoire souvent historique mais oubliée.
C’est le cas dans La Vallée des eaux amères. Le roman se situe dans les années 90 et les frères Delacaze ne se sont pas vus depuis une vingtaine d’années, c’est à dire depuis l’affaire du Larzac. Il faut rappeler, pour la Mémoire historique justement, que le Larzac a fait beaucoup parler de lui à cette époque. Un camp militaire s’y trouvait et il était question de l’agrandir et de chasser les éleveurs de moutons post soixante-huitards. Les écologistes s’en sont mêlés et même la sous-préfecture de Millau a été attaquée mais pour d’autres raisons encore.
Vous retrouverez tout cela dans le roman où le lecteur passe des années 70 aux années 90 pour suivre l’histoire.
Revenons aux deux frères Delacaze. Ils ont été élevés « à la dure », là-haut, à Costérade, sur le Causse. L’aîné, Armand, ne pense qu’à partir et il ira créer une exploitation à Pujol, dans la vallée du Tescalet. Gaspard préfère vivre pauvre et seul avec son chien et son petit troupeau de moutons. Au moins il est libre et non dépendant des banques. Son frère le fait venir par l’intermédiaire de sa femme , Florence, parce qu’il a besoin de son aide. Les agriculteurs veulent un barrage sur le Tescalet pour pouvoir irriguer leurs terres. Les écologistes s’y opposent et Gaspard qui a de la rancœur envers son frère ne va rien faire mais regarder s’agiter tous les magouilleurs politiques et autres. C’est très intéressant et l’on se rend compte que rien n’a vraiment changé. Il ne faut pas oublier l’amour non plus, celui pour Florence qui reste un amour impossible.
Tout y est : le caractère des personnages, la jalousie, la rivalité, la vengeance. Et à ne pas oublier, la Mémoire !